Toulouse: Un policier devenu paraplégique raconte son combat face au handicap

okVendredi 24 mars 2017

 

Lu pour vous 20 minutes le 24.03.2017 à 13:10

 

Le 22 février 2013, à quelques mètres du commissariat central de Toulouse, Emmanuel Siaux, un motard de la police nationale, était percuté par un automobiliste n’ayant pas respecté un cédez-le-passage. A 40 ans, en l’espace d’un instant, sa vie a basculé. Cet hyperactif est passé d’un quotidien trépidant à un véritable enfer, cloué définitivement dans un fauteuil roulant. Lui le sportif a dû faire avec son nouveau corps, avec ses nouvelles contraintes.

Ce parcours, il l’a livré sans détour dans un livre, Irréversible, ma vie, un combat qu’il présente ce samedi au Salon du livre de Paris sur le stand de Publishroom, une maison d’auto-édition. Rien n’est caché ou édulcoré, tout est dit, même parfois crûment. « J’ai vidé mon sac, j’avais fait une tentative de suicide et j’étais prêt à en faire une seconde. Je voulais laisser des écrits, me mettre à nu, montrer la face cachée du handicap car cela ne se limite pas à ne plus marcher, il y a les souffrances, le pipi, le caca, les infections urinaires, tout ce qu’on ne peut plus faire et qui prend dix fois plus de temps. Et, en parallèle, le procès aussi », raconte cet ancien champion de moto.

Après avoir gagné au pénal, il bataille désormais au civil contre l’assurance qui a fait appel.

Maintenant, il forme des policiers.

Sur les conseils de sa femme, et « dans l’intérêt général », il a décidé de publier ce qu’il avait couché sur le papier. Un exutoire plus qu’une catharsis car la vie n’est toujours pas un long fleuve tranquille. Certes, il a repris le travail à mi-temps thérapeutique en novembre 2016 au sein du centre de formation de la police à Toulouse. Mais les douleurs neuropathiques sont toujours là. « J’avais envie de retourner au boulot, ma tête disait oui mais mon corps disait non. J’ai parfois des crises de douleur, j’ai besoin de m’isoler pour reprendre ma concentration », explique Emmanuel.

« J’avais envie de retourner au boulot, ma tête disait oui mais mon corps disait non. J’ai parfois des crises de douleur, j’ai besoin de m’isoler pour reprendre ma concentration ».

Il sait qu’il a pour lui d’avoir été pris en charge parce qu’il était en service. Mais à force de croiser d’autres personnes handicapées dans des centres de rééducation, il sait aussi que beaucoup n’ont pas cette possibilité. « Dans ce livre je voulais évoquer les problèmes d’accessibilité mais aussi montrer qu’on n’est jamais trop aidé, les assurances s’en foutent, elles n’ont aucune humanité », lâche le policier.

 

À propos de Christophe ROTH

Délégué National Santé au Travail et Handicap Confédération CFE CGC
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