1ère journée d’étude du GrouPIH

mercredi 28 janvier 2015

La société inclusive, parlons en !

L’anthropologue Charles GARDOU s’est exprimé auprès du Groupih, mercredi 22 janvier.

Cette intervention a été particulièrement appréciée par les participants.

Nous vous livrons ici les grandes lignes de son intervention.

Photo du groupe durant la journée de travail

Il y a un milliard de personnes handicapées dans le monde sur 7 milliards d’habitants. Si on inclut les parents, la fratrie, les conjoints, un tiers des habitants de la planète sont concernés par le handicap. L’ensemble de ces personnes vit à des degrés divers, différentes discriminations mises en lumières dans le cadre du rapport de Pascal Jacob : école,  travail, accès aux soins…

Les droits universels de l’homme ne suffisant pas à protéger les plus faibles, il a fallu concevoir une « Convention relative aux droits des personnes handicapées – Nations Unies ». La France a signé cette convention en 2007 et l’a ratifiée en 2010.

Le rapport Mondial de l’UNESCO publié en 2012 nous enseigne que 61 millions d’enfants handicapés sont encore privés d’école et, rapporte par ailleurs que les chiffres en matière d’éducation stagnent pour la première fois.

Face à ce constat, nous sommes légitimes à nous poser la question suivante : Notre société, en marginalisant 1 milliard de ses semblables ne se met pas elle-même en péril ?

D’où l’émergence d’un nouveau concept, celui de la société inclusive. Cet adjectif se décline à l’infini : école inclusive, culture inclusive, économie inclusive….

S’agirait-il d’un cache-misère ? d’un effet de mode ? Sur quoi se fonde cette société inclusive ?

Charles Gardou nous propose une définition des contours de cette maison à 5 piliers…

Le 1er pilier suppose de distinguer 2 notions, celle du vivre et celle de l’exister.

  • Vivre c’est répondre aux besoins biologiques. « Cure » = vivre (thérapeutique)
  • Exister c’est répondre aux désirs, aux besoins de reconnaissance dans un milieu, avoir des amis. Etre citoyens. Care = Exister (reconnaître / accompagner)

Dans certaines sociétés, les gens sont soignés, mais n’existent pas. Le risque est alors de se contenter des « simples » besoins biologiques.

 

Le 2ème pilier suppose de remettre en cause la hiérarchisation des vies.

Il n’y a ni vie minuscule, ni vie majuscule.

« Les personnes en situations de handicap n’auraient pas tout à fait la même humanité ? »

Tristan Engelhardt classait l’humanité en deux catégories. Il y aurait des nés à l’endroit et des nés à l’envers.

Mais nos vies sont ambigües, nous sommes tous entre force et faiblesse.

La notion de société inclusive impose la remise en cause ces hiérarchisations.

 

Le 3ème pilier repose sur la notion de la Société humaine qui n’est rien sans équité.

Agir en équité suppose d’agir de manière modulée pour tenter d’égaliser ce qui ne l’est pas.

Il faut donc bien distinguer les deux concepts : égalité/équité

Nous naissons dans l’inégalité, le seul moment égalitaire de la vie est l’instant de la mort.

Il nous appartient de faire de l’équité.

La société inclusive est une société qui s’applique à accommoder, à nuancer, en réponse à l’humain qui est lui-même nuancé. S’il n’y a pas d’équité, il n’y a pas de justice.

 

Le 4ème pilier nous interroge sur la norme et la conformité

Les normes sont culturellement construites (dans les sociétés elles s’imposent comme l’absolue). On peut constater que certains pays scandinaves ont déconstruit cette norme.

Dans notre société, le handicap est pensé à partir des catégories médicales. Or, il est impossible de s’adapter à une catégorie. En revanche, il est nécessaire de s’adapter à une personne.

« La pensée catégorisante est terrible »

Une personne n’est pas une catégorie, chacun d’entre nous est une singularité.

 

Le 5ème pilier pose la question du patrimoine commun

Nul n’a l’exclusivité du patrimoine social et humain.

Certains conçoivent la société comme un club, dont certains pourraient s’accaparer l’héritage.

Ils pourraient laisser un morceau, généreusement aux autres, par exemple aux personnes handicapées.

Mais chacun a le même droit sur le patrimoine humain et social.

Si je dis : « je t’inclus » : c’est une prétention. Les personnes handicapées ont les mêmes droits. Il s’agit de lever les exclusivités dans la maison commune.

Chacun par sa naissance est héritier de ce qui est le plus noble.

 

« Dans cette maison il y a une culture de l’entre soi, laissons à tous une place pour jouir des biens communs. »

Pour retrouver les travaux de Charles GARDOU :

  • Le handicap par ceux qui le vivent Erès
  • Professionnels auprès des personnes handicapées Erès
  • La société inclusive, parlons-en ! Erès

 

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